De l’imaginaire mythologique au bricolage symbolique : île à l’endroit, île à l’envers dans Mélusine de Jean d’Arras
Qu’est-ce qu’une île ? Antérieurement à l’énonciation dans un discours, une île est une terre émergée de manière durable dans une étendue d’eau. L’île, ici, est au singulier. Mais quand ce terme passe dans le hic et nunc des textes, il peut suivre bien des parcours possibles et s’enrichir ainsi de v...
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Main Author: | |
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Format: | Article |
Language: | Spanish |
Published: |
Osservatorio Processi Comunicativi
2025-07-01
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Series: | M@GM@ |
Subjects: | |
Online Access: | https://www.analisiqualitativa.com/magma/2302/article_09.htm |
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Summary: | Qu’est-ce qu’une île ? Antérieurement à l’énonciation dans un discours, une île est une terre émergée de manière durable dans une étendue d’eau. L’île, ici, est au singulier. Mais quand ce terme passe dans le hic et nunc des textes, il peut suivre bien des parcours possibles et s’enrichir ainsi de valeurs diverses. L’île singulière se métamorphose alors en une multiplicité d’entités, qu’elles soient réelles (les îles-prisons existent bel et bien) ou imaginaires (la Nova Insula Utopia ; les îles stériles où s’échouent lamentablement les naufragés). Ces lignes reliront dans cette perspective plurielle le roman Mélusine, achevé en 1393 par un certain Jean d’Arras, et dont l’héroïne est la tragique fée Mélusine, ancêtre de la famille de Lusignan. Deux îles jouent un rôle essentiel dans ce récit : Avalon, l’île de la fée Morgane, tante de l’héroïne, et la cuve du château de Lusignan dans laquelle Mélusine se baigne tous les samedis. Que reste-t-il dans l’île d’Avalon de Mélusine des caractères stéréotypés de l’île merveilleuse de l’autre monde celtique, de l’île Éden qui échappe à la fuite du temps et protège de la mort ? Quelles « valeurs » cette île « à l’endroit » – puisque terre émergée dans une étendue d’eau – naissent de sa relation avec la cuve circulaire, île « à l’envers » – puisque étendue d’eau incluse dans de la terre ? Que racontent ces deux îles interdites aux hommes (masculins) mortels, ces deux îles qui échappent au temps humain, ces deux îles où vivent, en famille ou seules, des femmes étranges, entièrement ou partiellement extérieures aux lois de l’humanité ? On répondra en s’inspirant des travaux que Claude Lévi-Strauss a consacrés à cette activité de connaissance que l’on nomme pensée « sauvage » ou « mythique ». Conformément au fonctionnement propre à ce mode de spéculation, on verra comment, dans le récit de Jean d’Arras, les deux étendues insulaires assument à la fois leur statut de realia (sur le flanc empirique ou imaginaire) et celui de « symboles » (sur le versant de la construction élaborée par la narration qui leur accorde des significations symboliques profondes). |
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ISSN: | 1721-9809 |